Collectif emblématique new-yorkais comptant pour fondateur le charismatique Willem Dafoe, pour interprète l’inclassable Frances McDormand : on nous avait survendu The Wooster Group. « Un “Hamlet” sen-sa-tionnel », « Des pionniers ! ». L’affiche tout en mouvement, instantané d’une danse aux airs amish, était également la promesse d’une performance réjouissante.
The Wooster Group construit de nouvelles formes narratives en travaillant jusque sur la scène la matière explorée. Dans « Hamlet », la captation d’une mise en scène de 1964 entrelace la parole des comédiens pour un résultat qu’on dit fantomatique et insaisissable.
Pour « Early Shaker Spirituals: A Record Album Interpretation », un travail semblable est entrepris avec les enregistrements de chants des Shakers, communauté religieuse du xviiie. Sur scène, quelques mètres carrés d’un carrelage vert et blanc élimé jouxté par un pan de mur. Quatre femmes, robes longues, sages coiffes, mains jointes et calmement posées, pieds tranquilles liés, interprètent les chants transmis dans leurs oreillettes et à leur indication par un de nos contemporains aux manettes.
Des voix claires, parfois tremblantes, elles se regardent en coin, sourient doucement, semblent réellement venues nous transmettre une vie de quête du sens profond de l’amour, la pureté, l’humilité. C’est une mise en abyme simple et esthétique réussie, mais on s’ennuie. Le spectacle passe sans que ce « quelque chose de nouveau et de fantastique », rencontre de la source originale et de l’écoute de l’interprète, n’advienne.
On attend alors avec impatience « The Town Hall Affair », dernière création du collectif, présentée cet automne.