©Alipio Padilha

©Alipio Padilha

“Tout théâtre est interdit dans ce spectacle”. “La représentation est susceptible d’être interrompue à tout moment”. “Nous sommes un drame en personne”. Cela étant dit, la joyeuse foire du Zululuzu peut commencer : kitsch, colorée, énergique, dansée, chantée et performée. La forme est fragmentaire et malmenée, le rapport entre le Zululuzu et Fernando Pessoa, brouillé.

Qu’est-ce que Zululuzu ? Tout d’abord, un mot créé à partir du Zoulouland et de la Lusitanie, lieux de l’enfance de l’écrivain dans lesquels le Teatro Praga s’est aventuré  pour appréhender autrement ce monument de la littérature. C’est aussi un défilé de figures atypiques très maquillées, aux genres effacés, vraisemblablement des échos aux multiples personnages hétéronymes qu’il a créés. Le groupe d’activistes chante en effet l’apologie de la différence avec beaucoup d’humour. Il se fait aussi terroriste et veut tout détruire.

Pour cause de “processus démocratique”, ils occupent ainsi la boîte noire du théâtre. Habituellement définie comme une salle vide, modulable au gré des artistes, ils s’attardent, eux, sur sa couleur : pourquoi noire et pas rose ? Ils nous rappellent que cette “machine à fabriquer la subjectivité” est en partie responsable de nos clichés. Ils jouent donc avec, les déconstruisent et en construisent d’autres pour tout faire éclater. Le résultat est grave, joyeux et sensible, étonnant et assez inintelligible. Mais on se dit donc que ce n’est pas grave et que le sens est ailleurs, dans une certaine poésie. Après tout, “I know not what tomorrow will bring”.