Conflit interne du spectateur

C'est la vie

(c) Christophe Raynaud de Lage

Voici un spectacle dont le thème et la forme font entrer en conflit notre empathie et notre œil de spectateur. On s’est senti coincé entre la délicatesse du sujet et un léger malaise. On a pourtant retrouvé dans l’écriture la voix de Mohamed El Khatib qu’on aime tant, ces pointes d’humour parfois noir, jamais amer, lancées au visage de la tristesse. Mais alors pourquoi ce qui ne nous avait pas gêné dans « Finir en beauté » nous a posé problème dans « C’est la vie » ? On a nous-mêmes du mal à répondre à cette question.

On s’est demandé si la volonté documentaire n’allait pas trop loin, si cette façon de faire parler d’autres que lui d’un deuil intime sur scène n’était pas impudique. On a été gêné de ne pas adhérer pleinement, et on s’est senti pas très humain à avoir des réserves. Mais elles sont sur la forme et pas sur le fond. Ce qu’on a préféré, c’est le livret distribué au début. À la fin du livret figurent deux pages rappelant qu’on est au théâtre et que les faits ont pu être modifiés. Sauf que voilà, du théâtre, ici il en manque un peu. On n’a retrouvé ni le souffle de « Stadium » ni la douceur de « Finir en beauté », et on est resté un peu sur notre faim.