Un pavillon témoin en banlieue et les aventures burlesques d’une fratrie lors de l’enterrement des parents. On pourrait croire au pitch très « années 2000 » d’une nouvelle sitcom française, mais il se cache derrière cette trilogie contemporaine une vision presque anthropologique de ce que la notion de territoire peut vouloir signifier. Habiter un lieu et une époque, être déterminé par son origine, tenter ou non de s’en sortir. Une histoire de famille d’aujourd’hui donc, drôle souvent, et qui vient subitement se cogner à l’histoire de France ; le temps de la Commune étant vécu comme une parenthèse dramaturgique au cœur de la pièce, censée faire résonner le caractère révolutionnaire de l’ensemble. Mais le grand intérêt de cette proposition réside dans la physicalité étonnante des mots balancés sur scène. Car il y a une violence assumée dans le propos et dans la façon de le livrer. Une volonté presque inconsciente de faire partager l’état sans état de toute une génération. Baptiste Amann cisèle son écriture et la rend à la fois fraîche et lyrique. Avec des fulgurances, des monologues inspirés, elle fouille et inspecte pour reconnaître quel type de révolution vivra le xxie siècle. Alors bien sûr, dans ce deuxième opus, ça crie beaucoup sur scène et les silences digestifs sont rares, mais le verbe haut et l’engagement de tous justifient le fait d’aller se perdre dans le dédale de ces terres parfois encore inconnues.
D’une prison à l’autre
Des territoires (D'une prison à l'autre)