Trois ans après la sortie de l’explosif Hôtel Univers, qui les a révélés au grand public, Jupiter Okwess réenchante ses fans à l’occasion d’un concert donné dans le cadre du festival au Fil des voix. Confiné dans la chaleur et l’intimité du Studio de l’Ermitage, le public jubile, danse et transpire sur un set quasi chamanique de près d’une  heure et demie. Inventeur du bofenia rock, qui puise ses racines dans la diversité des rythmes traditionnels congolais et le groove de James Brown, Jupiter Bokondji, le « général rebelle » livre son prêche musical avec ferveur et intensité. Paré de son inusable chapeau et d’une longue veste militaire turquoise qui n’aurait rien à envier aux tenues des Beatles du Sergent Pepper, le général scande ses histoires collectées à travers toute la République Démocratique du Congo à la manière d’un griot punk. Cette force du verbe et du récit, Jupiter la doit à l’une de ses premières occupations, alors qu’il animait des matangas ou veillées mortuaires et autres rites sociaux, dont l’héritage donne aujourd’hui tout son génie à ses compositions.

Riche d’une diversité de rythmes, d’histoires et de peuples, la musique de Jupiter Okwess embrase les corps exaltés de ses interprètes et du public. The World is my Land, titre phare de leur précédent album abolit les frontières terrestres et musicales, en mixant les langues, les rythmes dans une puissante cacophonie à la fois urbaine et tropicale. Le groupe congolais entend marier le chaud et le froid, refuse le métissage et exige la fusion totale. Des accents funk de Bapasi aux pleurs du magnifique Pondjo Pondjo, dont la guitare berçante rappelle The House of Rising Sun des Animals, le concert offre autant de moments de transe que de recueillement. A retrouver en tournée dans une bonne partie de l’hexagone en mars-avril 2017.