Sous la forme d’un interrogatoire tendu entre un policier et un djihadiste, « La Route du Levant » exploite un sujet qu’on oserait presque qualifier (malheureusement) d’« à la mode » : la radicalisation d’un Occidental converti à l’islam. À travers ce face à face non exempt de volte-face, les deux individus confrontent leurs idéologies. Dans ce commissariat matérialisé par une table et des sons anxiogènes, malgré les dichotomies bien définies entre flic/islamiste, vieux/jeune, le spectacle entend garder un esprit de complexité. Sans tomber dans un manichéisme indigent, il s’efforce de développer l’empathie du spectateur envers le djihadiste. Car J.-M. Van den Eeyden ambitionne de mettre en représentation la question suivante : quels facteurs poussent nos jeunes à prôner des idées violentes et extrêmes ? La pièce échoue cependant à réellement déranger et à poser la question du mal radical. Malgré le talent des acteurs, on regrette un manque d’audace artistique, alors que la mise en poésie du théâtre pourrait peut-être dire quelque chose de plus sur ce sujet. Le spectacle se tenant dans un collège, nuançons néanmoins : le metteur en scène revendique un théâtre populaire et finalement pédagogique, et le texte, proche du verbatim, donne à voir une collision d’idées salutaires.
Un face à face intense mais non déroutant
La Route du Levant