Kings and queens indeed

Les Rois de la piste

DR

Des spots blafards, du funk, et un carré de plancher lumineux au sol sur lequel vont défiler un à cinq danseurs, interprétant des dizaines de personnages aux allures excentriques, rois et reines de la piste pour quelques secondes. Il est évident qu’en se déhanchant savamment sur du Gloria Gaynor, Thomas Lebrun et ses danseurs nous font rire et nous réjouissent, mais ils vont beaucoup plus loin. La danse de club n’est plus un simple divertissement, elle transpire ici d’humains qui vacillent, du plaisir de la scène et du désir d’abandon de soi. Alors qu’on aurait pu craindre la facilité et la moquerie, il n’en est rien. Dans toute cette première partie, ce défilé de personnages stéréotypés est ainsi traité avec beaucoup de sérieux par les interprètes, qui nous entraînent d’une démonstration dansée parfaitement assurée à des corps penauds trop lourds pleins d’alcool et de vulnérabilité, en passant par la répétition de mouvements saccadés que l’on a tous pu voir exécutés à d’innombrables soirées. En transition, un explosif et revendicatif “Strong enough”.

Dans une seconde partie, en choisissant certains de ces mouvements usés en club, Thomas Lebrun crée une danse tranquille, nonchalante, totalement sereine et maîtrisée. Sur un Nina Simone remixé, les danseurs peu à peu à l’unisson font sortir ces pas populaires de l’univers des boîtes de nuit et les hissent au niveau d’un ballet. Les danseurs achèvent cette démonstration, corps à demi nus qui se balancent lentement sans les fards des premiers morceaux. Ces hymnes de club bien sûr, mais également les corps qui les ont habités, peuplent nos esprits le reste de la soirée, tout comme le lendemain, le surlendemain.