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Sur le plateau du Joyce Theater de Chelsea, en cette ouverture de saison new-yorkaise riche en festivals, nous voilà en compagnie de l’une des grandes prêtresses de la chorégraphie américaine, Twyla Tharp, qui se fait malheureusement rare sur les scènes françaises depuis son invitation au festival d’Automne en 1980. Avec Trisha Brown, Twarp fait partie de cette troisième génération, après Martha Graham et Merce Cunningham, qui a révolutionné la danse moderne. Une soirée spéciale permet de revoir deux de ses pièces mythiques des années 70 (« The Fugue », appuyée sur la musique de Bach, et « The Raggedy Dances », réinvention du folklore), et surtout la création de « Dylan Love Songs », autour d’une demi-douzaine de chansons du grand Bob, dans la lignée du travail qu’elle avait déjà effectué avec les « Nine Sinatra Songs ».

De cette série de solos et duos, on retiendra particulièrement « Simple Twist of Fate », qui sort un peu du lot par son énergie si particulière, collant encore mieux à l’ambiance dylanienne du morceau. Mais aussi ce “Shelter From the Storm” dont on a envie d’appliquer le couplet à la chorégraphe : “Suddenly I turned around and she was standin’ there (…) She walked up to me so gracefully and took my crown of thorns (…) Come in, she said I’ll give ya shelter from the storm.” Car Twyla Tharp est bien cette muse consolatrice qui, dans les heures arides d’une danse contemporaine parfois inhospitalière ou engluée dans le conceptuel, parvient à faire vibrer directement nos nerfs dans la joie.

Certes, Twyla offre une approche contextuelle très américaine dans ses spectacles, empreinte d’influences de Broadway, et on comprend l’adhésion qu’elle peut susciter outre-Atlantique. Mais au-delà de cet enthousiasme culturel, c’est d’abord sa rigueur et sa légereté qu’elle a réussi à transmettre à plusieurs générations de danseurs. Oh, et à 76 ans, Twyla Tharp danse encore sur scène, dans cette « Entr’acte » plein de drôlerie.

Twyla Tharp au Joyce Theater, jusqu’au 8 octobre 2017