« Cabaret Europe », présenté à la Pop, est un préambule aux deux spectacles que propose le Birgit Ensemble à Avignon. On reproche souvent à la « génération Y » d’être égoïste et dépolitisée. Julie Bertin et Jade Herbulot confirment qu’il n’en est rien en prêtant leurs voix à cette génération qui a vu l’Europe grandir et se déchirer sous ses yeux. À l’approche d’une élection présidentielle qui s’annonce houleuse, le duo de metteuses en scène s’est attaché à deux crises européennes majeures : la guerre en Bosnie et la crise de la dette grecque.
Bien que la forme cède parfois à l’humour facile, le fond reste important et montre comment l’Europe d’hier façonne les générations de demain. Les comédiens, tous nés dans les années 1980 et 1990, reprennent cette parole que les générations antérieures sont si promptes à leur enlever. Le public, tirant lui aussi sur le jeune trentenaire et rodé au théâtre qui brise le quatrième mur, marche avec entrain car il sait que ce qu’il voit sur la scène, c’est un peu de lui.
Lorsque Europe, désenchantée, entonne une version remaniée de « Smells Like Teen Spirit », nos cœurs d’anciens ados chavirent en repensant aux sacs à dos où « Nirvana » s’inscrivait à la craie. Europe, c’est cette femme qui se demande ce que sa jeunesse est devenue, mais qui n’a pas encore renoncé à la couronne de fleurs qu’elle porte sur la tête. Tiraillée entre Alexis Tsipras et Angela Merkel, elle finira par créer un beau moment de communion avec un public qui, debout, se rappelle qu’il ne doit pas renoncer lui non plus.