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Aucune ambiguïté dans le titre de la performance de Mette Ingvarsten – c’est bien de pornographie dont on parle – mais sur scène, cela se révèle plus complexe. Constatant l’omniprésence de la pornographie, l’artiste s’interroge sur « la façon dont la sexualité n’est pas seulement une affaire intime derrière des portes fermées mais participe au social et au politique ». La conceptrice et chorégraphe raconte, seule sur scène, totalement nue, une histoire aux accents Sadiens, mimée par des actions dansées. Mais cette nudité hypnotique – final intense que ce corps fantomatique passant de l’ombre à la lumière sur fond musical électro – qu’Ingvarsten donne à voir avec (trop ?) de complaisance, semble détachée de l’être. Comme si, malgré l’érotisme violent de ce corps assis au milieu du public, la nudité n’était qu’accessoire. L’artiste qui « essaye d’avoir une relation très relax avec la nudité » en fait pourtant le point central de son spectacle, exposant de façon obscène cet état voulu non-signifiant. Il y a ainsi une contradiction insurmontable dans le discours de l’auteur qui semble dénoncer la pornographie exclusivement par un vomissement pornographique : une aporie pornographique qui atténue l’impact de cette performance.