(c) Pierre Grosbois

Une femme est assise derrière un bureau. Sur son écran d’ordinateur elle fait défiler les photos d’un site d’actualités. Le retour du froid. Un ancien président en garde à vue. La guerre en Syrie. Elle passe d’une image à une autre, avec la rapidité qui caractérise le trop plein d’informations auxquels internet nous confronte chaque jour. Puis une photo retient son regard : un blessé de guerre. Puis le nom du photographe : un ex amant.

“Mondes” est une pièce d’actualité, en ce sens qu’elle est en prise avec le réel, avec l’ici et maintenant. La correspondance qui nait entre l’autrice et le photographe, bien que fictionnelle, soulève les questions que tout le monde se pose à l’heure où tout ou presque est visible en images, sans forcément de mise en contexte. Alexandra Badea opère un pas de côté dans ce flux continu. En prenant du recul, elle évoque la responsabilité de chacun·e face aux images. Pas de jugements émis mais des interrogations sur leur pouvoir, la manipulation inévitable liée à leur mise en scène, et l’esthétisation de la violence. “Mondes” est une mise en garde qui nous invite à exercer notre regard critique en se rappelant le biais subjectif inhérent à chaque regard. Une invitation à la prise de conscience, au ralentissement à l’heure de la fibre optique, et à faire la distinction entre ce qu’on comprend et ce que l’on voit.