Pendant que l’un soulevait la coupe du monde de football, son homonyme, Didier Deschamps, le directeur du Théâtre National de Chaillot publiait un livre, sous la forme d’une série d’entretiens qui renseignent sur la vision d’un homme voué à l’anonymat mais qui, par le truchement d’un destin hors du commun, traversa les dernières décennies en passant du statut de danseur à haut fonctionnaire du ministère de la Culture, à celui de Directeur d’un Théâtre national, excusez du peu.

Danse sur toutes faces de ce monde est un ouvrage intéressant car il dévoile les travers d’un homme qui a su rester simple, sans doute parce qu’il a poursuivi sa pratique de la danse, ce qui lui permet d’envisager le monde non seulement avec une certaine souplesse mais aussi avec légèreté. Il est amusant d’ailleurs qu’il prenne la métaphore de la diagonale pour livrer quelques idées sur la danse, art qui lui donne un outil d’appréciation qu’il serait judicieux que plus de monde partage dans ce milieu, qu’on se le dise… Ce livre n’est pas un biopic dans laquelle Didier Deschamps nous livrerait des secrets sur lui et sa famille ; à peine s’il parle de sa carrière. L’homme est pudique, ça se vérifie ici.

Ce livre n’est pas, comme l’ont fait d’autres hauts fonctionnaires du ministère de la Culture avant lui – et on pense à Robert Abirached, à Bernard Faivre d’Arcier ou à Michel Schneider… – un livre de réflexions sur ce qu’il faudrait faire au ministère. Non, c’est à peine s’il parle de cette époque où il fut délégué à la danse à un moment où le secteur chorégraphique clamait le besoin de partage des outils et où de grandes réformes dont la loi sur l’enseignement de la danse furent promulguée. Ce livre est un ouvrage qui parle de la danse, de son rôle dans la société, dans la vie de ce personnage qui se détache et devient attachant.

Au fil des pages, Didier Deschamps “combine dans un ordre imprévu les différents thèmes qui composent ses histoires de sa vie”. Il redit que le combat de sa vie c’est de faire “comprendre qu’il ne faut pas chercher à comprendre” la danse et dont il dit qu’il faut arrêter de chercher un sens. Didier Deschamps fait donc confiance « au corps » pour exprimer les choses, même les plus intimes. Il fait sienne cette déclaration de Merce Cunnigham “La danse ne raconte pas d’histoires. Quand on souhaite raconter une histoire, on l’écrit.” Tout est dit… Un livre donc utile, qui apporte des clés de compréhension y compris à l’action du directeur du Théâtre National de Chaillot qui s’apprête à fêter les soixante-dix ans de la Déclaration des Droits de l’homme, et des festivités qu’il souhaite organiser pour célébrer l’événement. Tout un programme.