C’est à un bestiaire aussi bien verbal qu’imagé que Jacques Rebotier nous convie, mettant au service de son imagination une combinaison de métaphores et autres jeux langagiers qui viennent rendre hommage aux animaux en voie de disparition ou déjà disparus. La poésie se fait ici le réceptacle de la domination sans limite de l’homme sur la nature, y ajoutant un humour bien noir, celui-là même qui nous entraîne à rire de la catastrophe. Jacques Rebotier marche en équilibriste sur la corde du bon goût, frôlant parfois l’hystérie langagière ou le jeu de mots un peu trop attendu. Néanmoins, la vision d’une peluche tortue d’où l’on sort un sac plastique – pauvres entrailles –, summum du pathos dérisoire, ne pourra que nous faire rire – et pleurer. En somme, « Contre les bêtes » s’affirme comme un plaidoyer bon vivant : Rebotier, tel l’orchestre du Titanic qui continue à jouer après que le navire a rencontré l’iceberg et accompagne sa fin, fait de la catastrophe écologique une antiphrase vivable, un divertissement pour ne pas sombrer. Alors, les bêtes apparaissent plus proches et plus fortes que l’homme, nous enjoignant à les rejoindre peut-être tant qu’il est encore temps.
Rebotier dit « Contre les bêtes »
Rebotier dit Contre les bêtes