Propos recueillis par Sabine Dacalor
Salvatore Calcagno, depuis sa sortie de l’école d’art dramatique Insas à Bruxelles, a créé trois spectacles : « La Vecchia Vacca » (prix des Lycéens au festival Impatience 2014, prix de la Meilleure Découverte aux prix de la Critique en Belgique), « Le Garçon de la piscine » et « Io sono Rocco ». Au fil des créations se dessine une œuvre fondée sur l’exploration très personnelle de thèmes liés à la figure maternelle, à la filiation, à la mort, à la recherche de la beauté, et sur le développement d’un travail au plateau très sensitif, très sensuel. Les 6, 8 et 9 décembre, le théâtre de Vanves et le Centre Wallonie-Bruxelles à Paris, avec la complicité du festival Actoral, présentent les trois opus.
L’idée du triptyque était-elle le projet initial ? Cela s’est affirmé au fur et à mesure de ma recherche. Mes premiers spectacles représentent mes essais d’écriture (commencés à l’Insas), mes premiers jets scéniques. J’ai expérimenté la lumière, la scénographie, les acteurs. Je me suis interrogé sur la manière dont je transcrivais scéniquement mon imaginaire personnel, intime, en créant un univers sensitif au plateau. Je souhaitais comprendre mon processus de création, trouver mon identité de metteur en scène. Les personnages de la mère, du garçon se retrouvent dans les trois spectacles, évoluent. En les plaçant à divers endroits, je révèle, définis mon univers.
Beauté et laideur, vie et mort semblent intimement liées dans tes personnages. Je désire montrer la beauté de la banalité des choses, insuffler de la vie dans la quotidienneté. Je veux du vivant, de la beauté en équilibre sur du drame. La mère aimante de « La Vecchia Vacca » est monstrueusement désespérante, les jeunes gens du « Garçon de la piscine » entretiennent un rapport agressif au monde extérieur, la féminité incarne la mort dans « Io sono Rocco ».
Comment abordes-tu la direction d’acteurs ? Je choisis des acteurs au moment de l’écriture. Je projette en eux une façon de raconter mon histoire, les personnages de ma vie. J’envisage un endroit de construction, j’ai en tête une partition corporelle. Je recours à des improvisations dirigées qui me permettent d’apprécier les corps et les voix pour préciser mes projections initiales ou me laisser surprendre.
As-tu envie maintenant de monter un texte que tu n’auras pas écrit ? Je vais le faire avec « La Voix humaine », de Cocteau. Je ressens une grande proximité avec son écriture poétique. Ce portrait d’une femme écorchée, en détresse, est une autre voie d’expression de la beauté et de la laideur.
Salvatore Calcagno a grandi entre la Sicile et la Belgique. À partir de ses itinérances, de son désir premier de musique, il crée un théâtre où les corps, les sons, les couleurs cisèlent des personnages où grâce et fureur s’accordent. Le théâtre de Vanves et le festival Actoral l’accompagnent depuis ses débuts.