Le voyage initiatique d’I/O arrive à son terme, c’est le temps des bilans. Après vingt numéros, dont dix-huit « Coulisses », passés à écumer les arrière-salles, les loges, les couloirs et les rues adjacentes, après des heures dérobées aux techniciens et aux artistes, à tenter de rendre lisible ce que l’exposition « La lumière » du photographe Fabrice Sabre a si bien su rendre visible, il est l’heure à présent de retourner le micro et de sonder les coulisses de la gazette éphémère…
Bernard, rédacteur, réclamier (sic) « Pendant un mois, je suis allé au théâtre comme un addict. J’ai particulièrement apprécié la diversité des collaborateurs. Je trouve le principe du double regard stimulant et déshinibant pour celui qui écrit, car tu sais qu’il y aura une critique différente de la tienne, ce qui te permet de te lâcher un peu plus. Sur “Le Vivier des noms”, de Novarina, j’aurais été plus réservé s’il n’y avait pas eu un deuxième avis, que je savais positif. Et comme je suis resté tout le mois, j’ai vu les collaborateurs arriver et quitter la rédaction, c’était rigolo. »
Héloïse, rédactrice des « Mots d’ado », lycéenne « C’est une amie de ma mère, Christèle, qui m’a amenée ici. J’ai été publiée pour la toute première fois ! J’allais voir plusieurs spectacles par jour, et à la sortie je griffonnais des notes en pagaille sur mon carnet. Le soir, je choisissais le spectacle qui m’avait le plus inspirée pour rédiger mon mot. En fait, il faut noter ses impressions tout de suite, avant le spectacle suivant, pour ne pas s’emmêler les pinceaux. Je n’avais jamais été autant au théâtre, j’en ai mal aux jambes ! »
Coralie, distributrice, rédactrice occasionnelle, comédienne sortant d’école « J’ai fait des études à la fac en plus de mon école de théâtre, et cette expérience m’a permis de garder une continuité dans l’écriture et de travailler avec une équipe surmotivée et très diverse. Pour la distribution, on a souffert avec nos valises dans la chaleur, en plein zénith c’était “Koh-Lanta”. Mais ça galbe avant les vacances ! Les festivaliers et les théâtres étaient plutôt réceptifs, et même parfois contents de le recevoir. Certains l’attendaient vraiment tous les jours. Une femme s’est même ruée sur moi pour m’en prendre deux : “Ah, le nouveau numéro !” »
Gaëlle, distributrice, étudiante en conservation-restauration du patrimoine à l’école des Beaux-arts d’Avignon « Un jour, je distribuais la gazette à la sortie de la “République de Platon” et une femme mécontente n’a plus voulu me lâcher : elle était très fâchée qu’on ait fait un double regard négatif sur un spectacle qu’elle avait aimé, et pour lequel elle avait eu les places gratuitement. Elle les avait gagnées je crois, ce qui créait un attachement, à mon avis elle se sentait un devoir de le défendre. Elle m’a annoncé qu’elle refusait désormais de lire I/O. Son mari arrive derrière elle, attrape le journal, “Tiens, c’est quoi ?”, commence à le lire sous notre nez, “Ah, c’est chouette !”. Il voulait embêter sa femme, qui a tourné les talons en bougonnant. C’était hilarant. À part ça, il a fallu beaucoup répéter que c’était un quotidien, les gens avaient du mal à l’intégrer. »
Fanny, complice des rédacteurs en conférences de presse, community manager d’Opus 64/Festival d’Avignon « Au début, je pensais qu’I/O ce seraient cinq personnes, finalement vous étiez quinze et encore, je n’ai probablement pas rencontré tout le monde. Je suis admirative de la créativité que l’équipe a mise au service du projet. J’avais peur que vous ne veniez pas à la rencontre des artistes, mais finalement ça s’est fait. J’ai adoré les “Coulisses” et #iomicro. J’aurais aimé venir vous voir à la Maison Jean Vilar, je vous imagine dans une tanière obstruée par des rideaux, avec une grande table de conférence et des gâteaux. »
Sandrine, service des accréditations presse, Opus 64/Festival d’Avignon « Bonjour, je suis rédacteur I/O, je voudrais douze places pour la première de demain, une entrevue dans la foulée et dix-huit cartons d’invitation pour le bar du IN ! » Blagues à part, pour une première, c’était pas mal, Marie Sorbier a très bien géré l’organisation, de façon hyper pro. Ce qui nous a fait beaucoup rire, c’était le défilé des rédacteurs jour après jour pour récupérer des places pour le bar du IN. Finalement, c’est ça qui nous a le plus marqués ! »
Barthélemy, rédacteur, comédien en école et agent d’accueil dans un théâtre pendant le festival « Dès mon arrivée pour bosser à Avignon, j’ai débarqué en salle de rédaction, on m’a proposé un premier article. Comme j’ai dû écrire quasiment tout de suite, je ne me suis pas posé mille questions, j’ai foncé, et peu à peu j’ai trouvé mon rythme. Je lisais les dossiers de presse, je faisais quelques recherches, et après j’écrivais d’un jet. Une fois, un de mes articles a été refusé, il était trop bâclé. Pour moi, à mon âge, ça a été une expérience incroyable. À refaire l’année prochaine ! »