Spotlight on (a kind of) Israeli drama

Festival Isra-drama 2016

Après cinq jours plongés entre théâtre israélien et plages de Tel Aviv, Isra-Drama ne résout pas vraiment l’ubiquité de son statut. Festival ou marché ? D’autres sous le soleil français, me direz-vous, vivent et prospèrent dans les deux champs sans interroger cette problématique, mais il est cependant salutaire de savoir où l’on s’assoit avant de commencer à tirer un portrait et parfois même des conclusions sur la vitalité de la scène d’un pays.

Organisé par The Hanoch Levin Institute of Israeli Drama, ce panorama se compose de propositions assez différentes dans leur nature mais toujours très académiques voire tout à fait institutionnelles dans le fond et dans la forme, vitrine organisée pour les programmateurs du monde entier (26 pays représentés). Les 60 professionnels présents ont pu avoir du mal à projeter ces propositions dans leurs murs, hors des frontières d’Israël. Lumières dignes des meilleurs shows de téléréalité pour « The King David Report » ou lanières de cuir et costumes tout droit venus des premiers épisodes de « Star Trek » pour « Jehu » (l’Ancien Testament en force !), l’esthétique futuro-vintage a de quoi laisser coi. Et que dire de l’ovni « Ritza », mis en scène par Ruth Kanner, comédie musicale pour le moins habitée, « La Mélodie du bonheur » dans le désert à Massada version punk janséniste ? Les mots manquent et nos sens résistent tant les spectacles présentés, malgré leur facture aboutie, semblent ancrés dans un passé de la représentation et des codes de jeu révolus. Mais il faut savoir être patient et rester à l’écoute, car, comme souvent, à l’écart des grandes routes tracées, de nouveaux sentiers sont à l’œuvre : « Worst Case Scenario / 23 Thoughts About Conflict » vaut à lui seul le déplacement (voir critique complète ci-dessous), et la liberté de ton de « Perlstein » est une respiration salutaire.
 La résolution est finalement simple : là où un festival permet aux nouvelles formes d’éclore, un marché tente lui de diffuser une image culturelle prédéfinie sans risque et sans accroc, mais sans réel enthousiasme non plus.