Et si, debout sur les ruines, nous décidions naïvement de refuser les abîmes ? Avignon est un gouffre, l’immersion prolongée dans les remparts a des effets hallucinatoires qu’il s’agit de transformer en matière agissante. Plus Orphée qu’Eurydice, on s’écorche les paumes aux parois, avides de lumière, d’air frais et d’espoir. Car la joie vient à manquer. Si les artistes sont nos oracles d’aujourd’hui, demain ne s’annonce pas à la fête ; mais que fait-on avec tous ces drames, ces envolées tragiques et ces problèmes sans solution ? De quels bagages nos épaules se chargent-elles ? La noirceur du monde nous oblige à abandonner Eurydice et à chercher la voie vers des aurores, avinées mais heureuses, où la joie naît du refus collectif et adolescent du désenchantement. Toi, spectateur d’un soir ou d’une vie, soit poète ou soit président (hommage…), mais aimons-nous vivants avant que la mort nous trouve du talent.