On ne sait pas toujours ce que veulent dire les comédiennes du collectif « La Meute », mais on sait qu’elles le disent. Haut et fort. Avec franchise – et parfois avec tendresse ; avec timidité et simplicité ou encore avec rage. Avec toute l’effervescence et son cortège d’émotions pures qu’emporte avec lui l’univers de la bouffonnerie.
Plutôt que le nez rouge ou la peau blanche du clown, ces six jeunes femmes ont choisi de s’attaquer à la folie du bouffon qui observe le perpétuel renversement de ce qui est tenu pour vérité et interroge les paradoxes de la nature humaine. Avant l’âge classique, les contradictions ne sont jamais érigées comme des cloisons closes. Elles se proposent plutôt comme l’enchevêtrement complexe d’éclaircissement et de brouillage tout à la fois de l’être et de la nature dans laquelle il évolue. Sur scène, différentes identités se dévoilent et se succèdent à la manière d’un carnaval permanent qui déambulerait. Le jeu s’amuse de ce processus toujours renouvelé de la création. Âme de personnage à âme de personnage ; corps d’actrice à corps d’actrice.
L’expérience que retire le public de ce fourre-tout scénique et émotionnel est puissant et varie d’un spectateur à l’autre. Les frontières entre scène et salle ont explosé dans le plus grand enthousiasme et les actrices s’amusent malicieusement avec ce qu’il reste de fragments. Tout le monde joue et le théâtre devient la réalité, le faux devient le vrai, les barrières s’annulent et se recomposent. Cœurs de bouffonnes, travail en cours de réflexion, bat au rythme effréné du talent de ces six jeunes et merveilleux êtres. À quand la suite ?