Une d’histoire d’A.

Pas d’aile, pas d’oiseau, pas de vent, mais la nuit,
rien que le battement d’une absence de bruit.
Il n’y a pas d’ailleurs, où guérir d’ici.
Eugène Guillevic

Les lecteurs fidèles savent que, depuis nos premiers numéros en 2015, les mois de juillet étaient souvent propices aux désenchantements, aux énervements et, pire, aux indifférences face à des propositions qui peinaient à déclencher nos enthousiasmes. Peut-être que nous attendions trop des spectacles, alors qu’il faut au contraire ne rien attendre du tout quand on s’assied dans un théâtre. L’attente génère la déception, l’excitation frustrée, le rejet. Redevenir vierge, vivre chaque lever de rideau comme des premières fois, le regard lavé mais curieux de ce qui vient, reste une solution efficace pour un public épanoui.

Théorie mise en pratique cette année, où nous venions heureux de retrouver l’odeur du papier et l’encre qui macule nos mains transpirantes, mais sans projection artistique précise. Heureux de retrouver la beauté des ciels des cloîtres, les cigales affolées, et même – signe ultime de notre légèreté passagère – heureux des parades et autres affiches douteuses qui envahissent sans grâce les rues de la ville. Et voilà que, sans crier gare, le plaisir de spectateur nous a surpris. Certains d’entre nous ont été émus aux larmes, d’autres ont ri, et d’autres encore, sidérés par la beauté d’un geste, arborent depuis un sourire poudré. Ce n’est pas pour autant un numéro chamallow que vous avez dans vos mains, parfois les rendez-vous sont totalement ratés mais, nourris de notre appétence renouvelée, c’est ragaillardis que nous continuons cette aventure critique.