Faire court pour mieux rassembler

court_toujours_gen1webÀ son arrivée à la direction du Nest, en 2010, Jean Boillot a apporté dans ses cartons le festival Court Toujours (dédié, comme son nom l’indique, aux formes courtes), qu’il avait lui-même créé en 1999 à Poitiers. Il en a aujourd’hui fait le rendez-vous signature du lancement de saison de son CDN, qui a lieu désormais depuis sept ans à Thionville.

La raison d’être du festival Court Toujours est de faire se côtoyer des formes différentes et les publics qui vont avec. Dans les dernières éditions, on pouvait voir dans la programmation, aux côtés de compagnies locales et de spectacles jeune public, des figures proéminentes de la scène actuelle, comme Phia Ménard, Yoann Bourgeois ou Bérangère Vantusso. Et cette année, c’est ce même esprit qui a permis aux Thionvillois d’assister – entre, par exemple, des lectures d’un collectif d’auteurs lorrains et luxembourgeois (Le Gueuloir) et les bricolages de la compagnie nancéienne La Mâchoire 36 – à un spectacle de Christophe Rauck sur un texte de Rémi De Vos (« Toute ma vie j’ai fait des choses que je savais pas faire »), à un monologue de Pascal Rambert avec Arthur Nauzyciel (« De mes propres mains »), ou aux expérimentations marionnettiques de Renaud Herbin (« La Vie des formes » et « Milieu »). Et dans ce mélange de théâtre, de danse, de marionnettes et de cirque, ce sont des gens aux intérêts a priori différents qui donnent bon train à leur curiosité, prenant au hasard des billets pour tel ou tel spectacle, en espérant découvrir quelque chose de neuf. Et le fait de réussir à créer ce climat d’ouverture, à une époque où les clivages dans les publics des salles de spectacles semblent se creuser de plus en plus, constitue, sinon un exploit, au moins une petite victoire sur le cours du temps. Car le festival, cette année, s’est vu amputer d’un jour sous le poids des réductions budgétaires dont souffrent les lieux de la décentralisation. Mais si l’argent lui est soustrait, l’envie et le courage du Nord-Est Théâtre, eux, sont toujours bel et bien là.