Lettre à Sidiki Bakaba

Cher Sidiki Bakaba,

Voici un certain nombre d’années, vous avez marqué l’esprit des spectateurs par votre présence forte dans « Combat de nègre et de chiens », de B.-M. Koltès, monté par P. Chéreau, et dans « Bako, l’autre rive », film qu’il serait urgent de revoir sur nos écrans en ces temps de migrations tragiques.

Mais votre carrière française d’acteur est loin de se résumer à cela, et vous avez brillé dans nombre de spectacles prestigieux avec des metteurs en scène comme J.-M. Serreau ou C. Régy, ou encore J. Dalric.

Plus tard, vous êtes parti dans votre Côte d’Ivoire natale vous dépenser sans compter à diriger un grand complexe culturel, former de jeunes acteurs, jouer, mettre en scène et même réaliser des films (documentaires ou de fiction).

Votre collaboration fraternelle avec K. Kwahulé vous aura cependant permis de co-mettre en scène avec celui-ci et de jouer « Les Déconnards », détonant solo créé lors de la saison inaugurale de la chapelle du Verbe-Incarné en Avignon en 1998 et qu’il serait là aussi urgent de revoir (et de diffuser largement) en ces temps d’interrogation sur la diversité culturelle.

Récemment, la vie a pourtant voulu que vous soyez redevenu des nôtres et viviez à nouveau en France. Et dès lors je m’étonne – et m’insurge – de ne pas voir plus souvent sur un plateau un acteur de votre stature.

Des projets, vous en avez, en particulier avec Kwahulé, et j’ai hâte de les voir se concrétiser, comme j’ai hâte de vous voir jouer ou mettre en scène certaines pièces que j’ai traduites ou souhaite traduire. Affaire à suivre.

Avec toute mon amitié.