Ça l’affiche beau

L'oeil

D.R.

Faire voir, fixer une affiche requiert une organisation un peu routinière qu’une plus grande motivation des préposés à la tâche peut cependant transcender. Tout d’abord, petit 1, s’il s’agit de l’affiche de son spectacle à soi personnel et portatif… Gérald n’a pas pris assez d’attaches ? On réagira sur-le-champ, en se tournant vers la Compagnie de l’Écume, qui accroche à côté ; on leur taxera des collets. Et on ira voir leur spectacle demain. Et ils viendront voir le nôtre. Plus de place entre les autres affiches, ficelle inaccessible ? Surénergiques et pleins d’orgueil – du moins au début du mois –, on bravera les arrêtés municipaux, les rondes civiles, le vertige, le soleil, pour arrimer au plus haut l’image au public bientôt ébahi de son œuvre. De biais, sur une gouttière. Repérer ces affiches et découvrir leurs beautés en équilibre amènent à la réflexion petit 2 : la meilleure des motivations restera toujours celle d’accrocher une belle affiche. SA belle affiche, encore mieux. Alors là, ce peut être le festival (smiley qui va bien) : il y en aura partout. Bien proportionnée, chatoyante, la taille du titre répondant dans la bonne typographie aux évocations du sourire de la comédienne, l’affiche trônera à tous les carrefours, sera vue de partout du premier coup d’œil et l’infographiste félicité. Certain. Les festivaliers parcourus de pulsions d’achat pour des billets plein tarif vont débouler en masse à l’accueil du petit théâtre dont l’adresse sera bien voyante aussi, à égalité avec l’heure du spectacle, le nom du metteur en scène et celui du régisseur qui – c’est sûr – va être payé. Oui, l’excitation vient du beau, c’est aussi ce qui énerve les publicitaires comme moi, bonjour, parce que c’est comme ça que ça marche. Nous avons beaucoup en commun. Gens de théâtre, ne l’êtes-vous pas aussi un peu ? C’est ce que je vais essayer de vous faire croire dans cette rubrique. Vous n’êtes pas obligés.