De le pitch

OEIL3

Suggestion de présentation

Un festivalier en goguette est ficelé sur un bûcher place du Palais. Tout cela à cause d’une rubrique dans I/O. L’hérétique croise l’univers du « plus grand théâtre du monde – 50e édition » et celui de la réclame. Brûlez-moi ! Pyrotechnie ! Comment osé-je ? Encore un argument, pourtant, par pitié, il fait déjà assez chaud. Dans les deux exercices, le pitch prime. Au moment de la vente, je veux dire. Formuler l’histoire qui donne envie d’aller jusqu’au bout est incontournable pour déclencher l’acte d’achat, et l’exercice pour présenter son spectacle ou fourguer sa pub télé est bien le même. Face à celui qui va faire le chèque et payer 300 000 euros son spot Persavon (une fille qui se baisse pour ramasser des savons intimes), ou face aux touristes en quête de la meilleure pièce d’Avignon (un couple sur un plan incliné) pour 12 euros, il faut être capable de « jeter » l’idée comme un as. Vous avez 10 secondes pour faire votre trou, pas plus. Au-delà, c’est trop compliqué, moins viral. Surtout, il ne faut rien détailler pour laisser à votre interlocuteur le loisir de se projeter, d’imaginer tout seul la suite et les circonstances de l’histoire. La mémoire est une fainéante, elle préfère repasser sur des préjugés connus. Mais bon, j’avoue, une fois le produit fini consommé, le message est quelquefois plus sophistiqué au théâtre (la vie, la mort, la métaphysique des caoutchoucs) que dans la com’ (le savon qui vous essuie partout) : quand le public s’est installé, il y a plus de temps pour développer l’idée. N’empêche, la prochaine fois que l’on vous tend un tract, demandez le pitch. Ce sera toujours plus intéressant que les bénéfices vus et revus (« C’est formidable », « Un bon moment »), ce sera aussi un bon entraînement pour tous les comédiens qui rêvent de moins en moins secrètement de devenir créatifs dans la pub si le succès n’est pas au rendez-vous.