I/O n°59 [édito] : Un goût de châtaigne

Printemps ou automne qu’importe. Sous la pinède, le temps qui passe n’a pas de réalité sauf peut-être celle de voir se succéder, années après années, les artistes majeurs des scènes contemporaines et ceux qui le deviendront demain. Au programme ? Se retrouver au vert et vivre ensemble l’expérience du théâtre, la convivialité comme cri de ralliement ; se retirer de l’hyper-centre, chercher le frais et prendre le temps de laisser ses perceptions se reconnecter à des sensations moins immédiates ; marier la nature à la culture, les prises de consciences et les bains de soleil. Ici les papilles s’enflamment, s’excitent ou se rassurent, on goûte des saveurs étrangères, on se risque à l’amertume en se laissant tenter parfois par le sucre et le prêt-à-manger. 31 ans que ça dure ; déjà des souvenirs qui forgent une expérience et toujours le désir d’accueillir et de découvrir l’inconnu. Comme la chaleur du sud dilate les pores et humidifie le corps, les représentations permettent de penser plus grand et de faire sortir de soi une vision du monde enrichie et bienveillante. Procédé maïeutique vieux comme le monde, l’accès à la lumière ne se doit pas d’être douloureux.