© Joshua Jay

La venue du magicien américain Joshua Jay à la huitième édition du Magic WIP, maintes fois souhaitée par Thierry Collet son directeur artistique, relevait de l’événement.

« Look Closer » se présente comme une invitation à poser des loupes sur des effets magiques que l’on croyait achevés, et alors leur découvrir des strates insoupçonnées, des revers de dernière seconde. Peut-être que le·a spectateur·rice se trouve trop époustouflé·e par la succession effrénée des tours pour vraiment pratiquer cette activité patiente du regard. En tout cas, Joshua Jay ne produit aucune hypnose ; sa magie est très contemporaine car délibérément modeste, arrimée à des accessoires du plus brut quotidien – paquets de bonbecs, cannettes, T-shirts vintages… Elle ne félicite aucune de ses prouesses, brille par l’inventivité et les vertiges de plus en plus abyssaux de ses routines – jusqu’à un marathon cartomagique final des plus haletants. Il en faut toutefois peu pour que le spectacle bascule par endroits dans la démonstration plus arbitraire d’effets et brime alors son potentiel poétique sous la facilité d’un show, au risque de l’essentialiser, très américain. Joshua Jay raconte d’ailleurs combien l’illusion scénique doit pour lui avoisiner un miracle qu’il a réellement vécu : celui de tortues de mer qui sont apparues inexplicablement lors d’un voyage. L’artiste pose alors par cette légende un manifeste exigent : la magie naît pour le public d’une émotion intime et enfantine qui doit largement dépasser la virtuosité et la sidération induites par la valse stupéfiante des numéros. Peut-être devrait-il, alors, avoir plus souvent cet adage à l’esprit.