Dans la solitude des champs de coton

Dans la solitude des champs de coton

(c) Renaud de Lage

Depuis sa création par Patrice Chéreau en 1987, « Dans la solitude des champs de coton », en acquérant un statut de texte classique, est devenu un grand poncif des scènes contemporaines, battu et rebattu au gré d’adaptations parfois approximatives. En ce milieu de saison où Koltès est omniprésent (voir la critique du dispensable « Retour au désert »), la proposition de Roland Auzet, reposant sur un dispositif « immersif » à l’aide de casques audio, pouvait donc légitimement susciter une certaine méfiance.

Et puis le miracle se produit : loin de couper le spectateur du texte par un artifice superfétatoire, le système décuple à la fois la puissance des mots de Koltès, et le talent de leurs déclamatrices, Audrey Bonnet et Anne Alvaro. « Dans la Solitude » est un texte ciselé et hautement symbolique qui ne souffre pas d’être mal entendu. Les deux comédiennes, exceptionnelles en lutteuses verbales toujours sur le fil de la parole, offrent une performance déambulatoire d’une justesse jubilatoire. Un dialogue servi par une mise en scène subtile qui déploie cet espace-temps si particulier créé par Koltès.