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Petite gemme nichée dans une ruelle du 18e arrondissement, le Bab-Ilo est depuis des années le repaire des jazzeux brésiliens de Paris ou de passage, porteur d’une programmation éclectique et souvent pointue.

En témoigne ce joyeux concert de la chanteuse Laure Trazzi, accompagnée par le guitariste londonien Mario Bakuna, mêlant standards de bossa-nova, samba et MPB. Un répertoire revisité par le doigté oblique de Mario, formé à l’école samba jazz de pointures comme Olmir Stocker, aussi à l’aise dans un solo de clusters que dans un scat flirtant avec du beatbox (superbe impro sur le sempiternel “Canto de Ossanha”). Des envolées de chorus parfois brouillonnes, mais toujours généreuses et parfaitement servies par une section rythmique à la pointe du groove, avec les ultra-habitués de la scène brésilienne : Ricardo Feijão à la basse et Christophe Bras à la batterie.

Du jazz yang à l’état pur, auquel le yin doux et poétique de la chanteuse soprane apporte le parfait contrepoint, à l’image de ce “Influência do jazz” de Carlos Lyra ou d’un “A flor e o espinho” tout en nuances, en écho au mantra de Nelson Cavaquinhoa  : “O sol não pode viver perto da lua” (“Le soleil ne peut pas vivre près de la lune”). Laure Trazzi confirme son goût pour les ambiances intimistes, bien qu’elle soit à l’origine de projets plus ambitieux, à l’instar de son quintet “Suco de Samba” qui fit danser le public au festival “Sensacional Brasil” au printemps dernier.

Comme souvent au Bab-Ilo, le concert fut suivi par une jam électrisante et des guests instrumentistes qui, à partir de minuit, font s’élever la température de la cave d’encore quelques degrés.

Laure Trazzi et Mario Bakuna au Bab-Ilo, 20/01/2016.
www.lauretrazzi.com