Egmont : Goethe / Beethoven

Egmont : Goethe / Beethoven

Comment restituer l’élan initial de l’opposition de conscience ? « Par où ça commence ? Est-ce que là, tout à coup, lui, il pourrait s’opposer à quelque chose ? » Une révolte ne compte pas plus ou moins en histoire selon son échec ou son succès. Elle impose un coup abstrait, sans dessein et sans profit, qui, simplement parce qu’il a réussi à émerger, fait craquer quelque chose dans l’histoire figurative et comptable. L’« Egmont » de Séverine Chavrier, accord tumultueux entre musique, chant, théâtre et fiction documentaire, se confronte à cette leçon. Quelque chose de brillamment derridien dans sa déconstruction des Printemps : la surenchère du dispositif semble comme un clin d’œil au mal d’archive qui prenait le philosophe devant l’impossibilité de rétablir un « événement source », ici ce « soulèvement » politique, dont la confusion et l’autodestruction sont les principes inhérents.