Les Fourberies de Scapin

Les Fourberies de Scapin

© Christophe Raynaud de Lage

Dans les étroits bas-fonds du port, d’où surgissent mâts et voiles qui filent vers l’horizon, on sent le goût d’une liberté bien lointaine. C’est dans ce décor que surgit Scapin, centre de gravité d’un monde qui ne cesse de l’ennuyer, mais qu’il se plaît à tourner et à tordre à sa manière. La splendeur du décor n’en cache pas moins quelque chose de plus âpre. Déjà, lorsque Molière écrit cette pièce qui fera partie de ses dernières, hors commande, hors Versailles, sa plume devient plus que jamais « vivace, allègre et violente ». Ce repris de justice dilapide les codes à coups de bâton, débauche la morale à tour de mots, et cela lui permet de vaincre une solitude aussi pesante que la mort même. Benjamin Lavernhe, magistral dans le rôle-titre, est à la hauteur de la folie, de l’audace mais surtout de la résonance tragique et profonde du personnage. Denis Podalydès a cette grande qualité : diriger les acteurs pour que tout autre artifice semble inutile, dans une scénographie qui attise le merveilleux ; et, bientôt, on se plairait à retourner dans cette galère.