Le festival de danse londonien Dance Umbrella ouvre sa programmation en plein air, au bord de la Tamise, avec l'”Origami” de Satchie Noro et Silvain Ohl. Les 40 pieds de leur container rouge ont pris une place judicieuse au pied de l’imposante façade de la Battersea Power Station et de ses grues environnantes. Après Aerowaves, Dañsfabrik et d’autres festivals européens, les deux artistes viennent animer la capitale anglaise de leur esthétisation sonore et visuelle de l’univers portuaire industriel. Dans des paysages où le métal et le béton semblent avoir pris le dessus sur la présence humaine, “Origami” entre naturellement dans une dialectique entre l’homme et la machine et questionne leurs rapports mutuels de domination. Le corps de la danseuse adopte la lenteur et l’implacabilité des mouvements de la machine. La machine s’étire et se rétracte et connaît, comme la danseuse, des souplesses et des limites. Le corps s’adapte et fait coïncider ses courbes avec les angles de son partenaire. On retrouve les forces et limites de “Transports exceptionnels” de la Cie Beau Geste, un duo entre un homme et un tractopelle. L’intérêt de l’oeuvre réside bien plus dans le caractère spectaculaire et le moment de suspension créé que dans la recherche chorégraphique.