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En marge de la très belle exposition que le BAL consacre à l’œuvre photographique de Dave Heath, Joanne Leighton déploie une série de six pièces conçues pour s’adapter à l’espace muséal. Deux danseuses s’immiscent dans le lieu d’exposition, et invitent les spectateurs à adopter un autre regard sur l’objet photographique. Les interprètes passent par des mues successives, et arborent tantôt le costume d’un Elvis de casino, tantôt la robe en strass d’une chanteuse des Supremes. “Les Modulables” nous accompagnent ainsi dans la découverte de l’univers de Dave Heath, qui nous fait traverser un certain visage des Etats-Unis des années 1960. Les six pièces travaillent aussi sur l’incorporation de discours et de gestes quotidiens, redéployés et répétés en une série de variations burlesques et poétiques. Elles ouvrent ainsi une réflexion sur ce que pourrait être le geste d’un visiteur d’exposition, et comment le faire sortir de sa contrainte. Joanne Leighton dessine une nouvelle géographie du mouvement, dans un lieu où les déplacements sont souvent domptés et imprégnés d’habitudes de visite. Les performeuses frôlent par intermittences les corps des spectateurs, renvoyés dos au mur de l’exposition, plaqués entre les photos exposées. Le visiteur devient alors un portrait parmi d’autres, figé. L’efficacité de la proposition repose principalement sur la maîtrise des deux interprètes, Lauren Bolze et Marion Carriau, qui nous embarquent dans leur énergie facétieuse.