Alors que la scène française théâtrale en est tout à nous faire entendre un pêle-mêle de voix, qui sur le mode de l’oratorio, qui sur celui de la chorégie, le Japon fait parvenir par l’intermédiaire de Tanino une voix souterraine qu’un dark master prononce à son apprenti cuisinier pour l’aider à exceller aux fourneaux. Branchée sur la fréquence d’un subconscient collectif, la voix tisse une fable à propos d’un Japon contemporain, assailli de maints côtés, travaillé et broyé par un capitalisme ordurier qu’on espère malingre. Le dispositif ingénieux donne à chaque spectateur un écouteur pour que celui-ci se livre aussi aux forces phoniques proprement persuasives, amplifiant sur le mode de l’écho un principe phare : la double énonciation résonne alors partout. Mais quelque chose d’un peu âcre reste en bouche, en dépit de la finesse du texte – peut-être le goût d’une patine à dépolir.
The Dark Master
The Dark Master
Par
Timothée Gaydon
26 septembre 2018
Article publié dans I/O n°89
INFOS
Festival :
Festival d'Automne
The Dark MasterGenre : Théâtre
Texte : Kurô Tanino
Conception/Mise en scène : Kurô Tanino
Distribution : Atsuko Kubo, Bobumi Hidaka, Hayato Mori, Kayo Ishikawa, Mame Yamada, SOhichi Murakami
Lieu : Théâtre de Gennevilliers (Gennevilliers)
A consulter : https://www.festival-automne.com/edition-2018/kuro-tanino-the-dark-master