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On voit bien les lourdes ficelles analogiques qui poussent, aujourd’hui, à mettre en scène « Le Mariage », pièce de Witold Gombrowicz : satire politique dans laquelle les rêveries d’un jeune homme deviennent tyranniques ; errance d’un être qui, sans perspective, impose ses visions comme normes totalitaires. Mise en scène très « Dogme » (plateau nu, aucun costume, aucun accessoire, aucun effet), raccord avec le propos (quoi de mieux qu’une neutralité revendiquée pour mieux pointer les délires d’une imagination qui se croit vérité)…, la mise en scène est fragilement performative, austère et cérébrale, ce qui prend le risque de ne susciter, dans le petit théâtre intérieur qu’est l’esprit d’un spectateur qui s’ennuie, aucune image. Trop de neutralité tue les possibilités d’invention : on ne voit que des comédiens se transformer en leur personnages, pas des personnages changer de visage. Les modulations sonores d’une langue qui divague échouent à nous tirer d’un ennui total.