Ce livre est un petit bijou d’intelligence, d’écriture et de sourire. Karol Beffa, immense pianiste, et Jacques Perfy-Slakow, passionné de littérature à contraintes, s’associent pour ré-explorer psychanalytiquement par usage de l’anagramme les œuvres et leurs compositeurs. Il y a du lutin malicieux dans cette approche, on voit les deux pianistes prendre plaisir à être à contrepied, à contretemps d’une sacralisation usuelle des monstres sacrés et de leurs œuvres. Il y a un côté potache, bien sûr, mais aussi un propos intelligent et éclairant sur le regard porté par l’interprète sur ces œuvres et compositeurs intouchables. L’irrévérence revendiquée, le décalage enfin rendu possible pour ces esclaves du tempo écrit ouvrent un chant poétique et une finesse et culture uniques. À parcourir avec délectation. Et lenteur, ces chemins de traverse sont tout sauf une autoroute.