Inépuisable Buster Keaton. « L’Homme qui ne riait jamais » – sa silhouette précise et maladroite, sa mélancolie sous l’agitation permanente – ne cesse d’inspirer, et notamment Mathieu Bauer, qui lui rend hommage dans un ciné-concert où s’entremêlent partitions jouées, parlées et acrobatiques : un orchestre (saxophone, batterie, chant…) épouse en musique le film culte de 1924 (projeté sur scène) « La Croisière du “Navigator” », s’interrompant par moments pour laisser place à des exégèses, parfaitement dosées, sur la vie, l’œuvre de Buster Keaton, tandis qu’un acrobate avance sur un fil de fer avec le même rebond que celui de Keaton après ses célèbres chutes. Si l’ensemble séduit, c’est d’abord pour le subtil équilibre entre les différentes lignes tissées depuis le film, ne recouvrant jamais son caractère « muet », se proposant plutôt comme d’autres voix/voies pour entrer dans les images. Le clou du spectacle restant les facéties inquiètes, drolatiques, absurdes de Buster Keaton, la simplicité du dispositif scénique, conjuguée au plaisir manifestement pris par les artistes à se laisser inspirer par le film, le tout composant, pour celui-ci, un bel écrin.
Buster/Création
Buster/Création