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Ce « Cyrano » street percute grâce à une énergie chorale (quinze acteurs au plateau) qui évoque plus le teen movie que l’univers ghetto pugnace qu’il recherche en filigrane. Dommage que le dramatique (à l’exception des scènes entre Christian et Roxane) achoppe plus que la roborative énergie stichomythique des choeurs, car l’intérêt du spectacle réside dans l’intuition dramaturgique – donc dans un Cyrano bretteur-rappeur -, plus que dans la chronologie (trop) soigneuse de la pièce. On regrette que le brio du protagoniste n’ait pas tout à fait le temps de surnager de même que ses concurrents n’ont que succinctement le temps de s’humilier devant lui : le public ne rêverait-il pas de devenir un teen groupie à son tour ? Le spectacle aura l’habile mérite d’alléger les enjeux fossiles de Rostand — les deux derniers actes évoquant presque malgré eux la dislocation métaphorique et émouvante d’un groupe de potes… Il gagnera à s’émanciper d’un épiderme pédagogique pour diffuser au mieux ses vibes explosives.