© Patrick Berger

« Diotime et les lions », créé en décembre dernier au CDC de Roubaix pour les Petits Pas, est encore vert et incertain. Empêtré dans un dispositif interactif dans lequel les enfants placés autour de la scène agitent plusieurs objets plastiques et sonores (feu, cris des lions…), le spectacle adapté de l’ouvrage éponyme d’Henry Bauchau échoue malheureusement à mobiliser l’imaginaire : car l’enfant, évidemment, trépigne fort d’exercer sa responsabilité dans le parcours de la protagoniste — son désir remue un cran plus fort que la danse. Quelle tristesse alors que son action n’ait aucun impact concret sur ce qui arrive au plateau ! Car on lui aura conféré un pouvoir factice dans l’espoir de le maintenir attentif… Et le voilà qui s’évide de toute puissance lorsqu’on lui aura indiqué de l’exercer : la danse de Diotime continue, elle, presque sans broncher. Un spectacle déceptif pour enfant trompé désirant s’immerger plus fort dans l’histoire : la promesse du début de spectacle  (le discours « vous allez maintenant pénétrer dans le village… » ; l’amusant maquillage de guerre proposé aux enfants et aux adultes) n’est en fait qu’un kaléidoscope chorégraphique, lumineux et vidéo qui confère encore un effet très « multimédia » — entendre la dépréciation — tentant de rayonner autant sémantiquement que poétiquement. Sans doute faudra-t-il ouvrir plus honnêtement ce voyage vers son public pour développer une attention non médiate.