DR

Dans le crépuscule nostalgique de Claude Régy, on s’installe dans un noir profond domestiqué par quelques veilleuses de smartphone. Le maître des ténèbres (Thomas Bouvet) est tapi dans l’ombre, déclamant avec beaucoup de dextérité et une présence indéniable une sombre fable post-apocalyptique et pseudo-symboliste. Vague histoire d’enfants réunis pour leur première extase, blé de lune qui fait trembler ce monde déserté par le sens rappelant les minuscules figures de Maeterlinck ou les jeunes filles du « Palais de cristal » de Tarjei Vesaas. Belle allégorie il faut le dire, et c’est bien là l’écueil du texte assez gênant de Mario Batista. Trop discursif pour désapprendre la clarté, il explicite sans cesse les mystères de l’âme et des corps et donne au verbe une lyrique rationnelle qui trahit la triste et kitsch prétention mystique du dispositif. L’énigme mortelle qui devrait nous atteindre sonne davantage comme le glas malsain d’un mauvais thriller fantastique, et ce Voldemort aux miroirs (celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom qui en dit ici beaucoup trop) comme le voyeur céleste d’un touche-pipi vaguement métaphysique qui vire au massacre.