Si la Révolution française avait mis fin à l’esclavage, Napoléon, poussé en cela par les lobbys de l’époque soucieux de ne pas casser leur modèle économique, (sic…), l’avait remis en force et il faudra attendre 1848 pour l’abolition définitive. Les années allant à l’autonomie et au plein exercice de droits citoyens furent longues, douloureuses. La déconstruction des croyances, l’accès à l’éducation puis aux responsabilités, l’égalité des chances, toutes ces étapes furent difficiles. Le regard de l’artiste sur ces époques, cette progression vers la plénitude des droits et des chances fut essentiel. Images, peintures, films, revues : le musée d’Orsay nous montre l’évolution de ce regard, les scandaleuses prises de position, le support des discours toujours plus justes et affirmés. Beaucoup de grands peintres et de grandes œuvres dans cette exposition dont on a du mal à s’extraire tant le propos est puissant et magnifiquement mis en scène. Une intimité étonnante permise par des mises en abyme de l’espace où l’on se perd parfois. New York et Pointe-à-Pitre auront contribué à cette revue remarquable, dont on sort tout autant avec rage de la bêtise humaine et de sa lenteur à la prise de conscience qu’heureux de cette puissance et apaisé par la beauté des œuvres de Matisse, Derain, Léger, Picasso, Gericault ou encore Manet, Gauguin ou Cézanne. À voir vite avant que la foule ne gâche cette rencontre.