DR

On aime beaucoup le travail littéraire de Valérie Mréjen, sa façon de travailler le quotidien, qu’elle parle d’un amant (“L’Agrume”), de la naissance du premier enfant (“Troisième personne”) ou du deuil (“Forêt noire”). Dans “Mano Rana”, Mréjen s’acoquine avec l’artiste protéiforme Dominique Gilliot pour retrouver la forme fragmentaire qui lui fut chère. L’une comme l’autre ont un talent fou pour l’humour pince-sans rire. “Mano Rana” conte la poésie du quotidien sous forme de micro-fictions écrites face à des cartes de bingo mexicain ou de petites annonces postées sur internet. La performance fonctionne comme une arborescence, bifurquant sans cesse d’une possibilité à l’autre, démontrant que tout est potentiellement, et arbitrairement, fiction. C’est un spectacle exigeant, ardu souvent, redondant parfois, mais dont nous sommes sortis récompensés par la découverte de Dominique Gilliot, que l’on a hâte de revoir.