Quand Edgar Morin donne à lire, il n’y va pas par des chemins directs : son autobiographie est une œuvre gargantuesque, à l’image de son parcours de vie. Démesurée. On y croise les fantômes de la résistance, les acteurs de la construction de la France d’après-guerre, les penseurs de la complexité, beaucoup de femmes, encore plus d’amours et quelques amis. Mais si Edgar Morin est devenu le monstre sacré que l’on connaît, sa capacité à la simplicité et à la clarté dans l’exposé des idées a semblé avoir été rangée dans un tiroir de sa mémoire, laissant la place au foisonnement des impressions, des évocations parfois redondantes ou éparpillées à plusieurs endroits de cette somme. À la limite du bavardage parfois. Alors on aimera découvrir l’homme et son parcours, son humanité et sa tendresse à l’autre, murmures au coin du feu, mais l’œuvre est à consommer à toutes petites doses, comme des nouvelles échangées entre amis de toujours à l’apéro, sous peine d’indigestion et d’ennui.