(c) Clément Camar-Mercier

Dire l’indicible ? Alors que Phèdre est souvent présentée comme la tragédie née du « désir qui emporte tout », la mise en scène brillante de Brigitte Jaques- Wajeman, moderne et minimaliste, et le jeu parfait des comédiens (sans l’emphase classique), font ressortir un autre aspect du texte sublime de Racine : le tragique découle, non du désir, mais de la parole. Sans la révélation odieuse, Phèdre (Raphaëlle Bouchard, sensuelle, ravagée et dévastée) et Hippolyte seraient vivants. Sans avoir jamais cédé à son désir, Phèdre est ainsi coupable non pas d’avoir aimé mais d’avoir parlé. Tragique.