Lavant et Leidgens dans un Beckett un peu sage

Fin de partie

La difficulté du théâtre de Beckett – qui se moque des conventions de la représentation (« on n’est pas en train de… de… signifier quelque chose ? ») – est de réveiller nos esprits avec l’humour de personnages qui ne cessent de dire qu’ils s’ennuient à mourir. À la fin de la pièce, Hamm répond à Clov qui demande à quoi il sert : « À me donner la réplique. » Dans cette mise en scène, qui sera reprise au Théâtre de l’Atelier en 2023, Denis Lavant (Clov) est un clown enfantin et inquiet, qui cherche en boitant à quitter son maître (Hamm), Frédéric Leidgens, un tyran aveugle, bavard et cruel. Malgré l’humour si subtil de Beckett, et la justesse des deux acteurs principaux (la diction gracieuse de Leidgens est un hommage aux disproportions de la langue de Beckett), on s’ennuie un peu sur la fin de la mise en scène de Jacques Osinski ; peut-être parce qu’elle est trop sage en rangeant la pièce sur la vieille étagère du théâtre absurde, que l’écrivain irlandais s’acharna pourtant à refuser pour échapper à tout modèle.