(c) Christophe Raynaud de Lage

Ca commence comme un bréviaire de la mort, par une succession de morts empruntées à Shakespeare, Victor Hugo, Tchekhov ou Sarah Kane. Une accumulation qui dédramatise le sujet de la nouvelle création de la compagnie Babel : la fin de vie et le rapport de chacun·e à sa propre disparition. Autour d’une galerie de personnages se sachant condamnés à plus ou moins brève échéance et leur souhait d’en finir au lieu de s’acharner, “A la vie !” interroge le tabou qui entoure la possibilité du droit à mourir dignement. Aux questions éthiques s’opposent les questions morales. Peut-on refuser à un·e malade la sédation profonde et le laisser se tuer tout seul, pour des questions légales ? Comment dire adieu à celleux qui restent lorsqu’on vous accompagne en Suisse pour en finir ? Le nouveau spectacle d’Elise Chatauret ne donne pas de réponses mais ouvre des pistes de réflexion, qu’on aurait souhaité voir explorées plus profondément. Reste cette image, bouleversante, que l’on retiendra du spectacle : un homme, seul, qui pour ne pas pleurer la mort de son amie choisi de danser furieusement sur une chanson de Dalida. Parce que si l’amie est partie, il faut continuer de vivre pour pouvoir continuer à danser en pensant à sa chère disparue.