Qui a peur des free parties ?

A l'orée du bois

© Christophe Raynaud de Lage

« À l’orée du bois » est une bien étrange proposition autour de la terre qui échappe à ceux qui la travaillent, les « autochtones » pour ainsi dire. Car les voilà envahis par deux voies concurrentes : celle du libéralisme (un voisin qui réclame le champ d’une famille à coup de gros billets) et celle de la « saltimbanquerie » (des free parties qui s’organisent en douce dans les bois). Une chose est sûre, les deux – l’une de droite, l’autre de gauche, caricaturons – menacent l’équilibre de la paisible paysannerie, qui se prend d’un coup à trembler sous l’ennemi urbain. Autour du protagoniste (Pierre-Yves Chapalain) terrifié par la dépossession qui contamine son corps entier – il n’a de cesse de prédire sa mort – gravitent deux personnages hétéroclites : la mairesse, à la recherche du moindre son techno qui émerge du bois, que pourrait bien rejoindre secrètement la femme du protagoniste, lorsque son mari sombre dans le sommeil. Dommage que l’intrigue du spectacle, si elle ne manque pas d’intérêt politique, peine tout de même à dépasser la simple narration réaliste : elle reste un peu « à l’orée du bois » lui-même, dont l’approche promettait pourtant un récit fantastique assez excitant.