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Voilà un rituel un peu futuriste : trois chimères ont l’air d’exorciser le démon (ou de l’appeler, allez savoir), dans une série de mouvements répétitifs que les lumières à faible intensité de Vincent Lemaître rendent joliment hypnotiques. Bientôt les corps ne font plus qu’un avec les boucles musicales qui se densifient, et le ballet technologique, qui se tourne vers nous, devient vraiment anxiogène. Personne ne vient ou ne part pourtant – le démon ne se montre pas – et le rituel, qui confine à l’épuisement plus qu’à l’exultation, commence à tourner un peu à vide. Heureusement, les femmes se libèrent parfois de la liturgie gestuelle qui les contraint : une musique plus ludique remplace l’ordre musical, on peut se dégourdir, varier les mouvements un instant ; grand bien leur en prenne contre la lassitude qui guette. Le cercle de projecteurs continue néanmoins de les contenir pendant la pseudo-pause, de sorte qu’elles ne s’échappent jamais vraiment : les ouvrières du rituel en sont surtout les prisonnières. Visages contrits, même libres, elles restent des robots, sous le regard d’un gardien qui ne dévoile jamais : dommage que le constat, moins beau que triste, empêche du coup le spectacle d’échapper à son propre dispositif chorégraphique, et d’exulter pour de bon en dehors de la prison aménagée du techno-rituel.