Versus

 © Marie Monteiro

« Versus », la dernière création de la Cie Sine Qua Non Art, était un alléchant programme sur le papier. Tout donnait très envie. Les deux danseurs chorégraphes de la compagnie, Christophe Béranger et Jonathan Pranlas-Descours se confrontaient, sur le plateau, à une structure monumentale de l’artiste plasticien marseillais Etienne Rey. Une sorte de rideau de lames pivotant, captant la lumière en mille effets pop, décomposant le mouvement. Pour l’occasion le musicien Damien Skoracki, compagnon de route de la compagnie, mesurait son univers électro à la création sonore baroque du ténor Edouard Hazebrouck. L’idée était de travailler sur l’altérité, les contraires, les différents univers chorégraphiques de Christophe et Jonathan, jouer sur la perception et les différents points vues que l’on peut adopter face à une œuvre.

Mais… L’alchimie entre les différents univers prend si peu. Passé l’effet de charme, provoqué par les images décuplant les mouvements, comme au premier temps du cinéma, dans une catharsis de sons et de figures, on reste en suspend. La représentation de la masculinité/féminité se perd dans un esthétisme « gay années 1980 » qui ne fait pas sens. La structure semble peu à peu délaissée, la musique reléguée en fond de scène se fait oublier, trop… Mais surtout, malgré de beaux moments de danse, ces solos-duos entremêlés aux autres disciplines dépourvus de propos construits laissent finalement le spectateur bien seul alors qu’il était censé participer. En dehors de ce moment harmonieux où le public se retrouve sur scène par effet de miroir, celui-ci n’a pas vraiment de possibilité de s’immerger dans l’expérience sensorielle promise.