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Par-delà son vernis mélodramatique et sa structure un brin didactique, le dernier spectacle de Pauline Bureau présenté à la Comédie Française, « Hors la Loi », emportait totalement par la grande justesse de son interprétation et de sa dramaturgie. Mais à force de tirer sur la vieille corde pédagogique de l’art, plongée cette fois dans le grand bain feel-good de comédies sociales vues récemment au cinéma, l’artiste ne délivre qu’une succession ballucharde de stéréotypes. Pour Hélène Cixous, l’enjeu d’une « écriture féminine » était de faire advenir une parole anti-discursive et fourmillante. La dramaturgie de « Féminines » en est l’exact opposé : tout y est discours et caricature, toutes et tous ne sont que types et fonctions (ouvrière, jeune danseuse), fausses moustaches beaufiques contre jeunes corps timides. Ce n’est pas l’éternelle dialectique de l’entraîneur lourdingue au bon cœur qui viendra créer du dissensus, car aucun personnage n’échappe à l’écueil représentatif qu’avait évoqué Brecht : à force de trop historiciser des personnages (qui viennent scolairement se présenter un à un), Bureau les dévitalise et empêche tout véritable événement dramatique. Ne reste qu’une succession léchée de petits tableaux, auxquels se joint une vidéo putassière (souvent mal cadrée) qui révèle le grand absent de ce spectacle trop peu culotté : le football lui-même, pôle de résistance, d’énergie et d’émancipation des corps qui ne restera qu’une pure chorégraphie. Dans les années 2000, “Joue-la comme Beckham” fut une expérience cinématographique bien plus transgressive.