L’échappée belle

Tu comprendras quand tu seras grand

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Ne vous fiez pas au titre, qui sonne proverbial et moraliste alors même que ce spectacle grouille d’inventivité et nous ravit par une liberté qui s’exprime aussi bien visuellement que dans sa construction dramaturgique. Isidort, fils de circassien nomade, doit pour la première fois aller à l’école. Il y rencontre Anaïs, qui souffre sur ses bancs, tant le poids des conventions d’apprentissage l’accable. Commence alors une échappée belle, loin de l’enceinte de l’école, qui donnera lieu à une punition exemplaire ;les richesses du cirque et la réhabilitation du récit comme solution collective d’émancipation. La réussite du projet réside aussi dans sa simplicité, qui rend limpide et lumineux ce théâtre d’ombres, propice à l’envolée des imaginaires des petits et des plus grands. Lampes de poche et rétroprojecteurs donnent vie à ces silhouettes expressives, doublées à vue par les comédiens qui tantôt incarnent tantôt manipulent leurs personnages, se jouant des échelles pour une tension dramatique et humoristique savamment maîtrisée. Steven Matthews parvient, grâce à la musique live, au travail précis sur les voix, à la délicieuse Jacqueline Tinguely maîtresse motarde et à toute cette galerie de personnages bien trempés, à nous convaincre joyeusement de la pertinence de penser hors des cadres imposés. Une école buissonnière réjouissante où la rédemption se gagne en racontant des histoires.