Sacrées sorcières

Verte

(c) Julien Piffaut

Verte a onze ans, et, comme beaucoup de préadolescentes, elle commence à s’intéresser à un garçon de sa classe, un qui aime le foot, comme beaucoup de préadolescents. Sauf que voilà, Verte vient d’une famille de sorcières, et elle est bien embêtée que sa mère et sa grand-mère insistent tellement pour qu’elle travaille ses pouvoirs, elle qui préférerait goûter chez Soufi et aller voir des matches de foot.

Grand nom de la littérature jeunesse, Marie Desplechin a publié « Verte » il y a plus de vingt ans déjà, mais son livre reste d’une acuité particulière sur la jeune génération, qui, au fond, ne diffère pas tant que ça de l’ancienne. Ce sont Léna Bréban, qui signe également la mise en scène, et Alexandre Zambeaux qui se sont collés à l’adaptation scénique du roman sur cette jeune fille qui rêve d’être comme n’importe qui mais surtout, surtout, pas comme sa mère.

Quoi de plus classique que de se construire en opposition à ses parents ? Verte aspire à se fondre dans la masse, à ce qu’elle distingue comme étant la normalité, là où sa mère n’est que sortilèges et exubérance. C’est en refusant de toutes ses forces le miroir que lui tendent Ursule et Anastabotte, les femmes de la famille, qu’elle finira par embrasser ses racines. C’est dans un grand voyage à la recherche d’elle-même que Verte s’embarque, sans trop s’en rendre compte. Et c’est en arrivant au bout de son voyage qu’elle finira par réaliser son rêve : retrouver son père.

Pour accueillir l’histoire de Verte, Léna Bréban a confié la scénographie à Emmanuelle Roy et Marie Hervé. Pour ne pas effrayer les plus jeunes, metteuse en scène et scénographes ont fait le pari de l’humour et du merveilleux. Pari réussi lorsque le public, conquis, voit s’ouvrir sous ses yeux la caverne d’Anastabotte, pleine de bocaux, de chaudrons et de branchages. « Verte » est l’occasion d’une belle sortie familiale et, pourquoi pas, une façon de renforcer les liens entre les mères et leurs filles.